Apnée du sommeil : des appareils Philips cancérigènes ?



Près de 400 000 appareils de respiration de la marque Philips, indiqués dans le traitement de l’apnée du sommeil ont été rappelés en raison d’un risque d’inhalation de particules potentiellement cancérigènes. Tous les usagers n’ont pourtant pas été mis au courant. Quels sont les dangers ? Quels symptômes ? Qui consulter ?

[Mis à jour le 7 février 2022 à 20h10] Le 12 juillet 2021, Philips a publié une notification de sécurité concernant des appareils de PPC, des respirateurs destinés aux patients souffrant d’apnée du sommeil ou nécessitant une assistance respiratoire à domicile. A été mis en évidence un risque de dégradation de la mousse d’insonorisation sous forme de particules pouvant être ingérées ou inhalées par l’utilisateur. Problème : la mousse dégradée pourrait former des composés organiques volatils (COV) potentiellement cancérigènes (azoxyméthane). Parmi les autres dangers potentiels qui découlent des composés émis : céphalées/vertiges, irritation (yeux, nez, voies respiratoires, peau), hypersensibilité, nausées/ vomissements… A ce jour, Philips n’a reçu aucun signalement concernant l’impact des COV sur les patients. Mais par précaution, l’ensemble des appareils concernés soit 370 000 modèles en France avaient été rappelés, indique l’Agence du médicament en novembre 2021Ces appareils étaient censés être remplacés or certains patients ont continué à utiliser les appareils en question, n’ayant pas été mis au courant de ces risques. (Seulement 6% des appareils auraient été rendus à Philips). Le 7 février 2022, RMC a publié un article dans lequel il fait part des témoignages d’utilisateurs d’appareils Philips contre l’apnée du sommeil. Parmi eux, un patient, diagnostiqué d’un cancer des ganglions, en janvier 2022, a eu connaissance de cette affaire par hasard et souhaite aujourd’hui savoir s’il y a un lien entre son cancer et ces machines. D’autres patients s’inquiètent et se posent aussi des questions sur ce possible lien. En attendant les réponses de Philips et de l’ANSM, un groupe Facebook a été créé pour tous les utilisateurs de ces appareils. En attendant, l’ANSM a indiqué aux patients la conduite à tenir :

  • Nous vous recommandons, en concertation avec les professionnels de santé, de ne pas arrêter votre traitement, quel que soit le type d’appareil utilisé.
  • Votre pneumologue ou prestataire de santé à domicile vous a contacté ou vous contactera afin d’organiser la réparation ou le remplacement de vos équipements, selon la disponibilité du matériel.
  • En cas de céphalées, irritation (peau, yeux, voies respiratoires), de réactions inflammatoires, de toux, de pression thoracique, d’asthme et d’infection des sinus, ou d’autres symptômes pouvant être liés à l’utilisation du dispositif, contactez votre médecin.
  • En cas de tels effets indésirables, nous vous invitons également à faire une déclaration sur le portail des signalements, en y précisant  le numéro de série complet de l’appareil (votre médecin peut vous aider à faire cette déclaration).
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Aussi appelée “syndrome d’apnée-hypopnée obstructive du sommeil (SAHOS)”, l’apnée du sommeil est un trouble de la respiration nocturne. Elle se caractérise par la survenue de pauses respiratoires d’au moins 10 secondes qui peuvent se répéter parfois plus de 100 fois par nuit. Ce dysfonctionnement respiratoire est causé par l’obstruction des conduits respiratoire de l’arrière gorge. L’apnée du sommeil a été décrite pour la première fois en 1972 par le professeur français Christian Guilleminault.

  • Les symptômes classiques sont une fatigue anormale au réveil après une nuit de sommeil et des maux de tête au lever. Une somnolence anormale et fréquente au cours de la journée, après les repas, devant la télévision, au cinéma, en lisant, en réunion voire même au volant. 
  • Des troubles du comportement peuvent être observés : irritabilité, difficultés à se concentrer, pertes de mémoire, manque d’énergie et dépression.
  • Baisse du désir et dysfonction érectile peuvent être observés. 
  • La multiplication d’apnées provoque une diminution de l’oxygénation sanguine. Cette baisse d’oxygénation entraîne de sévères répercussions sur la santé en favorisant l’apparition d’hypertension artérielle, d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral.
  • Le ronflement est très souvent permanent. Il commence dès le début du sommeil et est interrompu par les pauses respiratoires, souvent décrites par le conjoint. La reprise de la respiration est bruyante et s’accompagne de mouvements du corps.
  • L’apparition de sueurs nocturnes est fréquente et des épisodes de somnambulisme peuvent survenir dans environ 10% des cas.

Un risque d’accident de la route multiplié par 6

L’apnée du sommeil est provoquée par l’obstruction des voies supérieures aériennes dont les causes peuvent être multiples : dilatation du pharynx, obstruction des voies nasales, augmentation de la taille des amygdales, de la langue ou de la luette. Elle est souvent accentuée par la position allongée sur le dos qui entraîne la langue dans l’arrière gorge. L’hérédité serait également un facteur de risque.

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Le manque de sommeil réparateur provoque un état de fatigue anormal. Il se manifeste par des somnolences fréquentes au cours de la journée, notamment au volant. Le risque d’accident de la route serait ainsi multiplié par 6 chez les personnes sujettes à l’apnée du sommeil. D’après le Dr Samia Tahraoui, spécialiste du sommeil à Paris “l’apnée du sommeil peut entraîner à long terme des complications sérieuses (hypertension, AVC, diabète, surpoids) augmentant les risques de mortalité cardiovasculaire. Il s’agit d’un véritable problème de santé public malheureusement pour l’heure sous-diagnostiqué”. On estime en effet que près de 80% des personnes qui souffrent d’apnée du sommeil ne seraient pas diagnostiquées. Ce serait donc plus de 20% de la population qui serait concernée par ces troubles et non plus 5 à 10% seulement.

“Le diagnostic se fait en deux étapes dont la première indispensable est le questionnaire de Berlin, effectué par le médecin, explique le Dr Tahraoui, les réponses à ce questionnaire lui permettent d’évaluer les probabilités d’apnée du sommeil, et en cas de forte probabilité deux types d’examen sont alors proposés au patient.” Ces examens sont : 

Polygraphie ventilatoire : examen médical ambulatoire qui permet d’enregistrer le rythme respiratoire, les ronflements et les mouvements corporels pendant le sommeil grâce à un petit appareil portatif appelé polygraphe ambulatoire.

Polysomnographie : qui enregistre, en plus le rythme cardiaque, l’électroencéphalogramme (activité cérébrale) et l’électromyogramme (activité des muscles) et la température corporelle.

30% des personnes refusent les appareils dédiés à l’apnée du sommeil

Avant d’entamer un traitement, il est indispensable d’éliminer les facteurs qui peuvent provoquer ou aggraver l’apnée du sommeil. En cas de surpoids ou d’obésité, perdre du poids est une mesure indispensable qui doit être prise dès le diagnostic du syndrome d’apnée du sommeil. La relation entre surcharge pondérale et prise de poids est en effet importante. Près d’une personne obèse sur deux présente un trouble du sommeil.

  • Eviter la consommation de substances qui aggravent les ronflements : alcool, tabac, prise de sédatifs ou calmants. 
  • Dormir sur le côté et non plus sur le dos, permet parfois de diminuer la fréquence des apnées du sommeil et d’améliorer le sommeil.
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  • Apprendre à bien adapter le masque. 
  • Tester plusieurs masques s’ils ne s’adaptent pas correctement. 
  • Connaître les règles d’hygiène et de sécurité.

De nombreuses personnes atteintes du syndrome de l’apnée du sommeil se voient proposer l’appareil permettant la Pression Positive Continue (PPC). Malheureusement, près de 30% des malades n’acceptent pas ce traitement et un pourcentage non négligeable de ceux qui l’utilisent ne le branchent pas tout au long de la nuit. Du coup, ils ne bénéficient pas du minimum d’heures requises pour que le traitement soit efficace.  La réussite du traitement par la PPC repose sur une éducation thérapeutique rigoureuse afin que celui-ci et sa famille, notamment son conjoint, accepte cet appareillage contraignant. Le médecin prescripteur et le prestataire qui vient installer l’appareil doivent fournir un certain nombre d’informations indispensables au bon déroulement de ce traitement. Cette étape permet de se familiariser et de mieux accepter l’appareillage.

Aussi appelée gouttière anti-ronflement, l’orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) est utilisée en cas d’apnée du sommeil modérée. Ce protège dents réalisé sur mesure par un orthodontiste doit être porté toute la nuit. Il a pour fonction de maintenir la langue et la mâchoire inférieure vers l’avant afin d’éviter l’obstruction des voies respiratoires.

Elles sont rarement proposées en traitement de l’apnée du sommeil, et ne le sont que pour corriger un éventuel défaut morphologie de la mâchoire, du palais ou de la base de la langue. Elles s’avèrent assez douloureuses et souvent peu efficaces.

Merci au Dr Samia Tahraoui, spécialiste du sommeil à Paris



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