la pilule de Pfizer examinée par l’EMA



Le laboratoire Pfizer a conçu un médicament antiviral baptisé Paxlovid qui serait capable de réduire le risque d’hospitalisation et de décès après une infection au Covid de 89%. L’EMA annonce commencer son examen. Quel est son mode d’action ? Ses effets secondaires ? Découverte.

[Mise à jour le 19 novembre 2021 à 19h17] Pfizer a conçu un traitement oral spécialement conçu pour être administré par voie orale dès les premiers signes d’infection du Covid. Cette pilule est baptisée Paxlovid. L’Agence européenne des médicaments (EMA) a informé le 19 novembre qu’elle commençait son examen “pour aider les autorités nationales à décider de son utilisation précoce pour le Covid-19, par exemple dans les situations d’urgence, avant l’autorisation de mise sur le marché”. Le comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’EMA examinera les données d’une étude comparant l’effet du Paxlovid à celui d’un traitement fictif (placebo) chez des patients non hospitalisés atteints de Covid léger à modéré qui présentaient un risque élevé d’évolution vers une maladie grave. Pfizer a par ailleurs a demandé le 16 novembre 2021 une autorisation d’utilisation d’urgence auprès de la Food and Drug Administration (FDA), l’administration américaine de l’alimentation et des médicaments. Quel est le fonctionnement de cette pilule ? Son efficacité contre le Covid ? Ses effets secondaires ? Connaissances à date. 

C’est quoi le Paxlovid ?

Le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer a mis au point un traitement antiviral, commercialisé sous le nom de Paxlovid. Si elle obtient les autorisations de mise sur le marché, cette pilule, administrée par voie orale, pourrait être prise chez soi dans les premiers jours après l’apparition de symptômes en cas d’infection au Covid-19. Paxlovid est un traitement similaire au Molnupiravir, un médicament antiviral développé par le laboratoire pharmaceutique américain Merck. Déjà autorisé depuis début novembre au Royaume-Uni, cet antiviral a fait l’objet d’une demande d’autorisation en urgence aux Etats-Unis, qui doit être examinée le 30 novembre par la FDA. Le gouvernement français en aurait commandé 50 000 doses, a indiqué le ministre de la Santé Olivier Véran fin octobre, dans l’attente d’une validation de l’Agence européenne des médicaments.

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Quelle est son efficacité contre le Covid ?

Paxlovid serait capable de réduire le risque d’hospitalisation ou de décès de 89 %

Lors d’une analyse intermédiaire de phase 2/3 randomisée en double aveugle et menée sur plus de 1 800 patients non hospitalisés en juillet 2021, tous présentant au moins un facteur de risque de développer une forme grave de la maladie, Pfizer a montré que Paxlovid était capable de réduire le risque d’hospitalisation ou de décès de 89 % par rapport au groupe ayant reçu un placebo, rapporte le laboratoire dans un communiqué du 5 novembre 2021. Chaque patient a reçu le traitement ou un placebo par voie orale toutes les 12 heures pendant 5 jours. 

Pour les patients qui ont reçu le traitement Paxlovid ou le placebo dans les 3 jours suivant l’apparition des symptômes : 

  • Hospitalisations : 0,8 % (soit 3 sur 389) des patients qui ont reçu Paxlovid ont été hospitalisés jusqu’au jour 28 contre 7 % des patients (soit 27 sur 385) qui ont reçu le placebo.
  • Décès : aucun décès n’a été rapporté chez les patients ayant reçu Paxlovid contre 7 chez les patients ayant reçu le placebo.

Pour les patients qui ont reçu le traitement Paxlovid ou le placebo dans les 5 jours suivant l’apparition des symptômes : 

  • Hospitalisations : 1 % (soit 6 sur 607) des patients qui ont reçu Paxlovid ont été hospitalisés jusqu’au jour 28 contre 6.7 % des patients (soit 41 sur 612) qui ont reçu le placebo.
  • Décès : aucun décès n’a été rapporté chez les patients ayant reçu Paxlovid contre 10 chez les patients ayant reçu le placebo.

Ces données suggèrent que notre candidat antiviral oral, s’il est approuvé ou autorisé par les autorités réglementaires, a le potentiel de sauver la vie de patients, de réduire la gravité des infections au COVID-19 et d’éliminer jusqu’à 9 hospitalisations sur 10, a déclaré Albert Bourla, Président-directeur général de Pfizer. Sous réserve d’approbation ou d’autorisation, il pourrait être prescrit plus largement en tant que traitement à domicile pour aider à réduire la gravité de la maladie, les hospitalisations et les décès, ainsi que la probabilité d’infection. après exposition, chez les adultes.

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Quelle est la composition de Paxlovid ?

Paxlovid est composé de deux molécules. La première PF-07321332 est l’agent actif qui empêche à la protéine du virus de se répliquer. La deuxième, c’est le ritonavir, un inhibiteur de la protéase, normalement utilisé pour le traitement des infections par le VIH. “Le VIH n’est pas apparenté aux coronavirus et la réplication de son matériel génétique se fait par un mécanisme différent. Mais il produit lui aussi une poly-protéine qui doit être coupée 9 fois par une protéase pour former les nouvelles particules virales“, explique un article publié dans la revue scientifique Médecine Science en juin 2020.

Paxlovid empêcherait la protéase du coronavirus de se répliquer.

Une protéase est une enzyme spécifique d’un virus qui agit sur les protéines virales afin de favoriser la réplication du virus. Pour stopper la réplication d’un virus, il faut donc réduire ou empêcher la protéase d’agir. Les coronavirus possèdent deux protéases dont une appelée SARS-CoV-2, 3CL. C’est sur cette protéase-ci que le traitement oral Paxlovid agit. 

Quand sera-t-il disponible en France ?

La société indique avoir conclu des accords d’achat anticipé avec plusieurs pays et être en négociation avec plusieurs autres.

Pour le moment, Paxlovid n’est pas commercialisé. Mais devant “l’efficacité écrasante” mise en lumière dans ses essais cliniques, Pfizer a décidé de stopper l’essai plus tôt que prévu et a soumis un dossier d’autorisation auprès de l’agence américaine des médicaments (FDA) pour une demande d’autorisation d’utilisation d’urgence (EUA) dès que possible, a indiqué le laboratoire dans son communiqué du 5 novembre 2021. Si la demande est acceptée, cette pilule pourrait être administrée aux Etats-Unis et des doses pourraient être commandées par les pays qui le souhaitent, comme par exemple la France. La société indique avoir conclu des accords d’achat anticipé avec plusieurs pays et être en négociation avec plusieurs autres. Selon le Washington Post, le gouvernement américain prévoit d’en acheter 10 millions de doses et d’investir jusqu’à 1 milliard de dollars dans la fabrication et la distribution de Paxlovid. Par ailleurs, un accord de licence volontaire, annoncé le 16 novembre, avec la Communauté de brevets sur les médicaments (MPP), aurait été voté. Ce partage de brevet permettrait ainsi à des fabricants de génériques de produire le médicament pour les fournir à 95 pays à revenu moyen ou inférieur.

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Quels sont les effets secondaires ?

Parmi les patients qui ont participé à l’étude et qui ont reçu Paxlovid, 1,7% ont connu des événements indésirables graves et ont dû arrêter le traitement. La substance active contenue dans ce médicament, le ritonavir, peut en effet entraîner des effets secondaires comme : 

  • des diarrhées,
  • des nausées et  vomissements
  • des douleurs abdominales
  • une irritation de la gorge ou une toux,
  • des maux de tête et des vertiges
  • des éruptions cutanées et des démangeaisons
  • des perturbations du métabolisme des sucres et des graisses avec une redistribution anormale des graisses observée après plusieurs mois de traitement (appelée lipodystrophie)
  • une toxicité pour le foie (augmentation des transaminases) et le pancréas. 

Quel est le prix ?

Le prix de la pilule Paxlovid n’est encore pas connu. Néanmoins, Pfizer a annoncé, dans son communiqué, une tarification échelonnée basée sur le niveau de revenu de chaque pays afin de garantir un accès équitable à tous et un prix abordable. Autrement dit, les pays à revenu élevé et intermédiaire supérieur paieront plus que les pays à faible revenu.

Sources

– PFIZER’S NOVEL COVID-19 ORAL ANTIVIRAL TREATMENT CANDIDATE REDUCED RISK OF HOSPITALIZATION OR DEATH BY 89% IN INTERIM ANALYSIS OF PHASE 2/3 EPIC-HR STUDY, 5 novembre 2021.

– Cibler la protéase majeure du SARS-CoV-2 pour fabriquer un médicament efficace contre ce coronavirus, Medecine Science, Juin 2020. 



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